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Papillons

La langue des Papillons, récit qui donne son titre au recueil de nouvelles du même nom de Manuel Rivas, auteur galicien, fait partie de ces oeuvres qui ne laissent personne indifférent tant elles sont intenses et emplies d'émotions.

Les autres nouvelles de ce recueil sont toutes aussi intéressantes, cependant, La Langue des Papillons est celle que je retiendrai.

A l'aube de la Guerre Civile espagnole, Manuel Rivas nous entraîne au coeur d'un petit village de Galice où la vie semble s'écouler paisiblement pour tous ses habitants. Un petit garçon s'apprête à entrer à l'école et en a très peur, mais grâce à son nouveau maître, un homme passionné par la nature, par les insectes et à la pédagogie remarquable, l'école va devenir l'endroit où il se sent le mieux.

Pourtant, à travers cette apparente quiétude, des tensions s'installent, l'ombre de la Guerre Civile plane au-dessus du bonheur de ce petit garçon. En écrivant très simplement, sans jamais tomber dans le discours politique, sans jamais porter de jugement, l'auteur nous décrit, du point de vue d'un jeune enfant, l'anéantissement d'un monde, la peur, la délation... ce qui rend le récit d'autant plus cruel.

L'absurdité de la guerre y est tout à fait mise en exergue. En effet, il y est montré comment, dans un petit village perdu au milieu de la campagne, où tout le monde se connaît depuis toujours, l'adhésion des uns et des autres à certaines idéologies, exacerbée par l'annonce de l'état de guerre, peut conduire à des actes de cruauté et de trahison... Mais ainsi en va-t-il de la nature humaine.

En refermant ce livre, on se retrouve seul avec soi-même, médusé, désemparé, et l'on se demande comment l'on aurait réagi dans une telle situation. On comprend mieux alors le déchirement du peuple espagnol et le traumatisme encore vivant laissé par la Guerre Civile.